
Dans son laboratoire d’idées, l’administration cantonale examine de nouvelles idées numériques et les amène à maturité en seulement trois jours. Cette démarche a été testée avec deux offices ce printemps, dans l’espoir de la généraliser un jour à toute l’administration.
Pour le garde-faune, la paperasserie en cas d’accident avec du gros gibier est un véritable casse-tête; il faudrait la simplifier et pouvoir la faire numériquement. La collaboratrice du Service de promotion de la nature a aussi des suggestions: «On pourrait impliquer bien mieux la population dans les projets de protection de la nature. J’ai une idée pour ça.» Un agent de l’Inforama se demande comment rendre l’offre de vulgarisation plus conviviale et la cheffe d’office comment simplifier les demandes d’aides financières. Ces exemples sont fictifs, mais ils pourraient tout à fait faire partie un jour des propositions soumises au laboratoire d’idées du canton de Berne. Un essai-pilote a été lancé en mars, dans le cadre de la Stratégie pour une administration numérique. Car selon la planification des priorités 2021 de la stratégie, il manque un processus et des réservoirs d’innovation cantonaux. Il faut donner à l’ensemble des collaboratrices et des collaborateurs l’occasion d’exprimer leurs idées. L’objectif est d’innover pour s’adapter aux nouveaux besoins numériques de la population, des milieux économiques et de l’administration elle-même.
Faire remonter et mûrir des idées

Pour tester la démarche, le Secrétariat à l’administration numérique (SAN) et son partenaire externe Superloop ont mis à contribution l’Office de l’agriculture et de la nature (OAN) de la Direction de l’économie, de l’énergie et de l’environnement ainsi que l’Office de l’information géographique (OIG) de la Direction de l’intérieur et de la justice. Ils ont commencé par recueillir des idées, sans aucun filtre. Après une séance d’information en ligne qui a réuni 100 personnes fin mars, 22 idées ont été retenues. Le SAN et Superloop en ont sélectionné cinq. Leurs critères? Il fallait que le problème soit pertinent et précis, et surtout qu’il ait un lien avec le canton, avec un groupe cible concret et avec la transformation numérique. Un atelier a ensuite été organisé pour cinq équipes de deux à trois personnes. Les équipes ont travaillé sur les cinq idées restant en lice en apportant des points de vue variés: elles les ont développées, élaguées et surtout concrétisées.
Un jury à convaincre

À la fin de l’atelier, il y avait un jury à convaincre, avec des propositions pour développer l’idée en vue de la mettre en pratique un jour. Les idées à poursuivre ont été sélectionnées par la direction du Secrétariat au numérique, associée à pas moins de trois conseillers d’État et au chancelier. Quatre équipes ont remporté l’adhésion avec leur quatre idées respectives, notamment une carte numérique pour visualiser facilement les prescriptions en matière de pêche, qui indique sous une forme conviviale quelles espèces de poissons peuvent être pêchées où et quand. Pour Moritz Zaugg, du Secrétariat au numérique, le laboratoire d’idées permet de faire avancer rapidement la réflexion sur un problème en se concentrant sur les usagers et sur les solutions. Une esquisse de solution concrète peut être mise sur la table en trois jours, sans avoir à passer par des études préliminaires.
Les réactions suite à l’essai-pilote sont positives. Le laboratoire d’idées a été vécu comme enrichissant. «On a beaucoup discuté et beaucoup ri», ont rapporté les participant·e·s. «Et au moins, à la fin de la journée, on sait ce qu’on a fait!».
Le Conseil-exécutif se prononcera à l’automne sur la poursuite du laboratoire d’idées.
Catherine Arber