
L’Euro féminin 2025 de l’UEFA qui aura lieu en juillet représente un immense défi logistique et sécuritaire. Du côté de la Police cantonale, c’est Rolf Balmer qui chapeaute la gestion de cet événement sans commune mesure. Il nous explique les enjeux.
Cet été, la Suisse accueillera pour la première fois le championnat d’Europe féminin de football. C’est aussi une première pour la Police cantonale bernoise (POCA), qui devra assurer la sécurité de cet événement sportif international unique en son genre, très différent de l’Euro 2008. L’intervention est sous la responsabilité de Rolf Balmer. Membre de la police depuis 40 ans, il a longtemps dirigé l’unité spéciale «Krokus», qui œuvre dans le domaine des stupéfiants, avant d’occuper la fonction de chef des opérations dans la division Planification et engagement de la POCA. Aujourd’hui âgé de 60 ans, il met sa vaste expérience au service d’une mission complexe, délicate et marquante à de nombreux égards. L’Euro féminin 2025 de l’UEFA qui aura lieu en juillet représente un immense défi logistique et sécuritaire pour la Police cantonale. Cette dernière doit en effet gérer deux villes hôtes, des milliers de fans, de nouveaux groupes-cibles tout en continuant d’exécuter ses tâches policières normales.
De la planification à la mise en œuvre
La planification de l’événement a démarré dans le canton à partir du moment où la Suisse a été désignée pays hôte du tournoi, en avril 2023. Les choses se sont véritablement précisées dès décembre 2024, une fois que les rencontres de la phase de groupes ont été annoncées. Contrairement aux autres cantons, Berne a la particularité d’avoir deux villes hôtes, Berne et Thoune. Cela ne rend pas forcément les choses plus difficiles, mais plus complexes. Outre la Police cantonale, beaucoup d’acteurs sont mobilisés: les deux villes hôtes, les services sanitaires, les sapeurs-pompiers, les entreprises de transport, les services de communication, l’Association suisse de football, l’UEFA et de nombreuses services de sécurité privés. «Il suffit de jeter un œil à l’organigramme pour comprendre l’ampleur des choses», explique Rolf Balmer. L’un des principaux défis consiste à assurer la coordination entre les différentes parties prenantes. «Il faut faire le tri parmi le flot d’informations et faire en sorte que les conditions locales concordent avec les attentes internationales.» Heureusement, de nombreux processus sont déjà rodés depuis des années avec les principales organisations partenaires, ce qui facilite les choses.
Un tournoi qui pose de nouvelles exigences
L’Euro féminin n’est pas une manifestation comme les autres. Le public est plus familial et diversifié. Les gens viennent aussi d’ailleurs et connaissent moins les habitudes locales. Le dispositif de sécurité est adapté en conséquence. Sans compter les nouveaux processus et besoins à prendre en compte pour ce tournoi: les supportrices et supporters des équipes se déplacent ensemble dans la ville. «On n’a pas la séparation classique entre supporters comme pour les autres matches». Il faut aussi tenir compte de nouveaux formats: chaque équipe a ainsi ses propres officières de liaison qui font le lien entre les organisateurs, les autorités et l’équipe. À cela s’ajoutent les nombreux rendez-vous en présence des médias. Tous ces changements ont un impact sur le dispositif sécuritaire.
Prévoir l’imprévu
L’Euro qui a eu lieu en Suisse en 2008 n’offre guère de base de comparaison. «À l’époque, le public était totalement différent.» La Police cantonale bernoise peut toutefois s’inspirer d’autres expériences comme les matches internationaux ou de grands événements qui ont eu lieu à Berne. «Le fonctionnement de certains aspects est juste crucial, comme le maintien des accès pour les secours. Cela fonctionne grâce à une collaboration qui a fait ses preuves.» Les échanges avec d’autres cantons sont également soutenus: contacts personnels, entretiens réguliers, planification commune. Malgré tout, l’imprévu peut toujours s’inviter dans un tournoi comme celui-ci. Pour anticiper d’éventuelles mauvaises surprises, la police élabore ce qu’elle appelle des «planifications prévisionnelles». «Concrètement, nous avons préparé une dizaine de scénarios allant des intempéries aux menaces extraordinaires.» Les plans sont clairement structurés et peuvent être activés immédiatement en cas d’urgence. «S’il arrive quelque chose, nous ne perdons pas une minute car nous sommes préparés mentalement et en termes d’organisation.»
Une présence visible et accessible
Pendant le tournoi, les forces de police à Berne et à Thoune se déplaceront de manière visible à pied, à vélo, à cheval et même sur l’Aar. «Les personnes qui ne connaissent pas l’Aar ont tendance à la sous-estimer. Il est donc important de patrouiller également sur les eaux.» Cette présence préventive est complétée par des mesures de protection comme des blocages mobiles anti-véhicules et des mesures invisibles comme des forces et des dispositifs dissimulés. «Tout est prêt, même si cela ne doit pas forcément se voir.» Qui dit présence visible, dit également communication accessible. Alors que les organisateurs communiquent via l’application UEFA, la police délivre ses conseils en matière de sécurité et trafic par l’intermédiaire des canaux ordinaires (communiqués de presse ou réseaux sociaux). «Nous ne voulons pas seulement alerter les gens, mais aussi leur expliquer ce que nous faisons. Dans le meilleur des cas, nous sommes sur place sur le stand d’information. Toute personne qui veut un renseignement peut s’adresser à nous.»
Profiter du tournoi en toute sécurité et dans une atmosphère inoubliable
L’Euro féminin 2025 est un tournoi de football féminin important sur le plan sportif, mais aussi sociétal. La POCA met tout en œuvre pour que les festivités puissent avoir lieu en toute sécurité partout, que ce soit sur le Place fédérale, lors des déplacements des supporters ou dans les stades.
Rolf Balmer a hâte d’y être: «Je me réjouis de cet événement. Ça va être top. Mais je suis aussi curieux de voir comment les choses vont se passer concrètement.»
Texte: Gil Lafranchi
Photo: Adrian Moser
Publié le 30.6.2025