Nous sommes en MMXXV après Jésus-Christ. Tout Berne a depuis longtemps confié ses registres paroissiaux aux Archives de l’État. Tout Berne ? Non ! Car une poignée de villages peuplés d’irréductibles Oberlandais résiste encore et toujours – à l’instar des Gaulois Astérix et Obélix jadis face à l’envahisseur romain.
Depuis des siècles, les registres paroissiaux de toutes les communes sont conservés aux Archives de l’État du canton de Berne. Ces recueils renferment de précieux actes de baptêmes, de mariages ou de décès, inscrits à la main entre la Réforme et le XIXe siècle. En 1979 déjà, le Grand Conseil, tel un célèbre empereur romain, ordonna à toutes les communes bernoises de confier leurs registres paroissiaux aux Archives de l’État. Si la grande majorité d’entre elles s’exécutèrent bravement, quatre communes de l’Oberland lui opposèrent une farouche résistance. Par Toutatis ! On aurait dit qu’elles étaient tombées dans la potion magique quand elles étaient petites.
Mais voilà qu’aujourd’hui, un village dépose les armes... ou plutôt ses registres : après 45 ans d’obstination, la commune de La Lenk a finalement confié ses registres aux Archives de l’État. Et comme il faut bien rendre à César ce qui est à César : chapeau à l’administration qui a su attendre patiemment, telle une armée de légionnaires romains, que la potion cesse de faire effet. Grâce à La Lenk, de précieuses sources d’information sont maintenant conservées, numérisées et rendues accessibles au public – au service des historiennes et historiens, des généalogistes et de toutes les personnes qui veulent découvrir l’histoire de leur région. Les trois derniers villages d’irréductibles Oberlandais – Frutigen, Guttannen et Saanen – lui emboiteront-ils le pas ?
Le soir venu, un grand banquet oberlandais est donné en l’honneur de cette démarche courageuse. Réunis autour d’un grand feu, les villageoises et les villageois se délectent de sangliers, se livrent à des danses et partagent des anecdotes. Non loin de là, les anciens registres paroissiaux ont enfin trouvé leur place de choix aux Archives de l’État. Une bonne dose d’opiniâtreté, quelques menhirs à déplacer et une louche de potion magique : tous les ingrédients d’un bon Astérix étaient réunis. Tout est bien qui finit bien.
Texte: Lukas Reinhardt
Illustration: phist
Publié le: 1.10.2025
Partagez donc votre anecdote avec nous !
C’est le genre d’anecdotes qu’on se raconte à la pause-café. Des moments de la vie quotidienne de l’administration, insolites, drôles, parfois émouvants, dérangeants aussi, mais toujours étonnants. Vous en connaissez certainement : alors partagez-les avec nous et avec vos collègues de l’administration bernoise. À vos plumes !