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« Tout s’arrête d’un coup et les compteurs sont remis à zéro »

Dans le canton de Berne, les élections de renouvellement général se sont déroulées le 27 mars dernier. Les électrices et les électeurs ont voté pour élire un nouveau Parlement. Pour Patrick Trees, secrétaire général du Grand Conseil et chef des Services parlementaires, le chantier ne fait que commencer : tout s’arrête d’un coup et les compteurs sont remis à zéro. Il revient sur ce processus, où il est notamment question de paquebot et de proportionnalité.

Les parlementaires fraîchement élus viennent souvent d’horizons très divers et affichent des profils très variés. Mais leur entrée au Parlement s’accompagne pour eux de nouvelles tâches et responsabilités et de défis sans précédent. Ne sont-ils pas un peu perdus le premier jour ? 

Non, généralement pas. Beaucoup ont déjà occupé des fonctions au sein de partis et d’exécutifs communaux. Ils ont donc acquis une certaine expérience, politique en particulier. Nous organisons quand même un événement d’introduction, auquel nous convions tous les membres du Grand Conseil. Nous les initions aux différentes thématiques et leur présentons les instruments parlementaires. Mais la plupart d’entre eux ont déjà une solide expérience et peuvent se mettre au travail immédiatement.

 

Cet événement est un peu l’équivalent du premier jour d’école pour les parlementaires, non ?

Oui, tout à fait ! Ce jour-là, ils reçoivent une importante documentation, préparée à l’avance. Le président du Grand conseil leur souhaite la bienvenue, puis on leur présente les grandes lignes du travail au sein du Grand Conseil. La matinée est consacrée à une séance formelle, durant laquelle quantité d’informations sont communiquées. À midi, tout le monde se réunit pour le repas, puis l’après-midi est consacrée à la présentation des instruments parlementaires. 

Les élections se sont déroulées le 27 mars 2022. Les résultats sont connus. Quelle est votre première tâche, à votre équipe et à vous-même ?

Le lundi matin suivant les élections, nous entamons les calculs pour déterminer la représentation proportionnelle. Il y a de nombreux organes à constituer et 200 fonctions à répartir entre les députés. Pour les groupes parlementaires, cette répartition, qui dépend du poids de chacun d’eux, est décisive. Lorsque les groupes parlementaires sont formés, une grille quantitative est établie pour indiquer le nombre de sièges revenant à chaque groupe. Ensuite démarrent les négociations pour définir quels sièges sont attribués à chaque groupe parlementaire au sein des différents organes et leur nombre. Une fois la répartition effectuée, le Grand Conseil les désignera dans le cadre d’un vote qui aura lieu le 8 juin.

Quel est votre plus gros défi, le jour où les nouveaux parlementaires siègent pour la première fois ?

Je compare volontiers le Grand Conseil à celle d’un paquebot dont l’équipage est constitué des parlementaires. Le navire suit son cap avec ses affaires à traiter et ses échéances. Soudain, il s’amarre et l’ensemble de l’équipage descend. Un nouvel équipage formé d’anciens et de nouveaux membres monte ensuite à bord et le navire remet immédiatement les voiles. À ce stade, on ignore encore qui assumera quelle fonction, mais les affaires courantes et les échéances n’ont pas changé. Tout le système s’arrête – littéralement. Et pendant un certain temps, personne n’a accès à ses dossiers. Il n’y a pas de transition, mais un arrêt total et un redémarrage à toute vapeur. C’est un défi considérable.

Votre travail est soumis à un changement constant du fait de l’élection de nouveaux députés. La numérisation a-t-elle modifié la donne ?

La numérisation constitue un défi de plus pour nous. Les attentes et exigences des uns et des autres ont augmenté. Lorsqu’un membre du Grand Conseil dépose une motion, il s’attend à ce qu’elle soit mise en ligne dans les cinq minutes qui suivent. Le courrier électronique et les possibilités de téléchargement ont tellement accéléré le tempo qu’il est de plus en plus difficile de le suivre. Le coronavirus a encore intensifié cet effet. Pendant la pandémie, nous avons parfois utilisé des procédures accélérées, afin que toutes les affaires soient traitées dans les délais. Maintenant, nous devons retrouver les procédures et échéances usuelles.

Vous arrive-t-il de répondre à des souhaits particuliers des parlementaires ?

Nous avons le souci de nos 160 « clientes et clients » au sein du Parlement pour qui nous déroulons le tapis rouge. Nous sommes là pour les soutenir dans toutes leurs activités afin que le Grand Conseil puisse fonctionner comme un parlement de milice.

Vous est-il déjà arrivé, à votre équipe et à vous-même, d’être dépassés par les demandes des parlementaires ?

Non. Il arrive parfois que nous n'ayons pas la réponse à une question ou la solution à un problème spécifique. Nous devons alors transmettre la demande ou rechercher des informations. Les questions politiques sont mises à l’ordre du jour des organes décisionnels compétents. Et parfois, il arrive que nous n’ayons tout simplement pas la réponse.

Les membres du Grand conseil n’exercent pas leur mandat à titre d’activité principale. Est-il difficile de les joindre ou vous arrive-t-il de devoir leur courir après ?

On connaît assez rapidement les gens. On apprend vite comment prendre contact avec eux ou les atteindre. Que ce soit par courriel, par téléphone ou de vive voix. En général, ils sont très accessibles, très reconnaissants de ce que nous faisons pour eux.

Quels conseils d’initié donneriez-vous aux nouveaux parlementaires ou à celles et ceux qui rêvent de le devenir ?

Je leur recommanderais d’être bien présents au sein du groupe parlementaire. Le groupe parlementaire les soutiendra et ils s’y sentiront bien. Au sein des Services parlementaires aussi, nous nous tenons à leur disposition.

Je recommanderais à celles et ceux qui souhaitent un jour être élus au Grand Conseil de rester actifs politiquement, car on peut toujours atterrir sur une liste. L’idée est de commencer à une petite échelle, en s’engageant au niveau communal, puis au niveau régional. On peut remporter l’élection dès la première fois, mais il faudra peut-être attendre la deuxième, voire la troisième tentative.

Interview: Catarina Paiva Duarte

 

 

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