Une hausse générale des salaires, avec un coup de pouce supplémentaire pour les plus jeunes: la directrice des finances Astrid Bärtschi revient sur les négociations salariales pour 2024.

Madame Bärtschi, comment qualifieriez-vous les négociations salariales pour 2024?
Je dirais qu’elles ont été bonnes, puisque les mesures salariales se montent à 3,3% de la masse salariale. Le renchérissement de 2022 et 2023 est bien pris en compte, d’autant que la tendance semble repartir légèrement à la baisse sur ce front, d’après les estimations.
1,3% de la masse salariale pour la progression individuelle des traitements, 2% pour la compensation du renchérissement. C’est plus que l’an dernier, mais est-ce suffisant?
Le renchérissement est estimé à 2,2% pour 2024. Il me semble donc que les mesures sont adaptées.
Les associations du personnel réclamaient 3% pour compenser le renchérissement…
Il faut regarder les mesures dans leur ensemble, y compris la progression individuelle, et ne pas prendre le renchérissement de manière isolée. Le paquet ficelé est bon. Il est au final très proche des revendications des associations du personnel, qui demandaient au départ 3% pour le renchérissement et 1,5% pour la progression individuelle. Nous nous sommes entendus sur un total de 3,3%, à la satisfaction de toutes les parties.
Le canton de Berne veut améliorer la situation des plus jeunes collaboratrices et collaborateurs. Pour quelle raison?
Si l’on compare avec d’autres employeurs, le canton de Berne verse des salaires plutôt bas à ses employés de moins de 35 ans. Le gouvernement souhaite qu’une partie des moyens alloués à la progression individuelle des traitements soit utilisée pour rectifier le tir chez les plus jeunes. Il s’agit aussi de combler l’écart avec le marché.
De quel ordre est cet écart?
Nous avons fait des comparaisons avec des employeurs semblables du secteur public et nous avons constaté que nous payons parfois beaucoup moins nos jeunes salariés. Nous voulons redresser la barre. N’oublions pas non plus que le canton de Berne a besoin de main-d’œuvre et que la pénurie de personnel touche aussi le canton. Or si nous voulons attirer les jeunes dans l’administration cantonale, nous devons les rémunérer comme il se doit.
Au détriment des plus âgés?
Pas du tout. Nous avons encore les moyens d’accorder une hausse individuelle à nos collaborateurs plus âgés, puisque ceux utilisés spécifiquement pour les moins de 35 ans ne représentent qu’une petite partie. Au final, tous les salaires augmentent grâce à la compensation du renchérissement, même ceux des personnes qui ont déjà atteint le plafond de leur classe salariale et qui ne peuvent donc plus profiter de l’augmentation individuelle.
Qu’en est-il du corps enseignant? Les salaires vont-ils augmenter?
Dans le corps enseignant, 2% de la masse salariale sera affectée à la compensation du renchérissement et 1,5% à la progression individuelle. C’est un peu plus que pour le personnel cantonal. Comme les retards salariaux y sont importants, il faut mettre davantage de moyens pour rattraper la courbe salariale.
L’idée est donc de proposer une rémunération alignée sur celle du marché et de faire jeu égal avec la concurrence sur le territoire bernois?
C’est bien ça. Nous faisons tout notre possible pour être concurrentiels, aussi en matière salariale.
Que fait encore le canton de Berne pour rester un employeur attrayant?
Au-delà de l’aspect rémunération, nous nous efforçons de proposer des conditions de travail motivantes. Les enquêtes menées auprès du personnel l’ont montré: il est essentiel pour les collaboratrices et les collaborateurs de pouvoir concilier travail et loisirs. Sur ce point-là, le canton de Berne est très en avance par rapport à d’autres employeurs. Pour autant, il ne se repose pas sur ses lauriers. Nous cherchons constamment à nous améliorer, que ce soit avec des méthodes de travail agiles ou des possibilités de formation, par exemple. Tout ce qui pourra être amélioré le sera.
Interview: Catherine Arber
Illustration: Ruben Ung
Publié le 18.12.2023